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 Dendroth Möln, le pêcheur

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Dendroth Möln

Dendroth Möln


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Feuille de personnage
Magie:
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Métier : Pêcheur

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MessageSujet: Dendroth Möln, le pêcheur   Dendroth Möln, le pêcheur EmptyVen 17 Aoû - 15:32

Nom: Möln
Prénom: Dendroth
Âge: Cinquante-trois ans
Métier: Pêcheur

Description Physique:

Dendroth a toujours été fondamentalement laid. Dans sa jeunesse, ses pommettes difformes et ses mèches grasses faisaient fuir toutes les donzelles qui se présentaient à lui. Si bien qu’à force, il a fini par abandonner le projet d’en rencontrer une. Sa laideur pouvait, lorsqu’il était plus jeune, faire grimacer ou rire. Beaucoup s’en moquèrent tout au long de sa vie jusqu’à il y a quelques années. Car actuellement, avec la vieillesse, les rides ont plus ou moins recouvert et engloutit ce qu’il y avait d’étonnement inharmonieux sur son visage. Ce qui, par conséquent, lui donne finalement une allure plus ou moins « normale », ni trop horrible ni trop splendide, et donc lui offre actuellement plus de chance avec les dames que lorsqu’il n’était pas un vieillard rabougris, contradiction plutôt dérangeante.

Parce qu’effectivement, la dure vie de labeur de monsieur Möln ne l’a pas complètement laissé de marbre. Il souffre affreusement du dos, si bien qu’on le verra souvent tenir ce dernier, que ça soit lorsqu’il se lève, ou se baisse, ou même tout simplement parfois lorsqu’il marche.
On lui donne facilement cinq voir dix années de plus qu’il n’en a. Alors, puisque son véritable âge, en lui-même, suffit à faire comprendre que le vieil homme n’en a plus pour longtemps, comprenez que les gens qui le croisent, et lui donnant dix années supplémentaire, s’inquiètent bien souvent pour sa santé, et pensent qu’il est possible que Dendroth meure dans la minute qui suit.

Ses vêtements pauvres ne cachent absolument pas sa situation financière. Les habits qu’il porte sont tous presque aussi vieux que lui, partent en lambeaux, sont affreusement sales et empestent, tout comme lui. Il se lave rarement, et fut bien souvent recouvert de sel, à cause de sa profession. Chose qui ne risque plus, en ce moment, d’arriver, puisqu’il travaille sur un lac.

Il a des yeux noirs, semblables à des yeux de poissons, par leur côté vide. Lorsqu’on le regarde dans les yeux, on se dit, à première vue, que cet homme est stupide.

Enfin, un détail est très important à signaler, détail qu’il rappelle souvent lui-même, avec un sourire moqueur : « Je te le promet sur mon index gauche ! » c’est sa phrase favorite. Car, en réalité, il n’a plus d’index gauche. Littéralement sectionné à la base de la main, l’on a l’impression que le doigt n’a simplement pas voulu pousser. De plus, cette main en question montre des évidents signes de brûlure assez grave. La peau est craquelée et boursouflée.
Pour continuer sur le même sujet, il est facile de constater bien des accidents de travail, sur tout son corps. Des petites, ou grosses, plaies, des cicatrices, diverses étrangetés nées avec un acharnement évident au travail.

Description Psychologique:

Comme nous venons de le mentionner dans le paragraphe précédent, et c’est là la caractéristique la plus importante de Dendroth, la relation qu’il a avec le travail est très particulière.
Il voue un respect fou et disproportionné pour tout ce qu’il considère comme s’approchant de l’effort, des travaux manuels, de la tâche qui épuise un homme jusqu’à le détruire. Et à l’opposé de ça, il méprise littéralement la détente, les jeux, les fêtes, le rire, qu’il considère comme un manque de considération envers les gens qui se donnent de la peine pour vivre.
Notre vieillard, en réalité, n’a rien de ce que l’on appelle les « vieux sages ». Il pourra vous donner un bon conseil, vous prévenir de certains danger, mais il est plus facile de le considérer comme un « vieil aigri ». Aigri par la vie, aigri par sa vie, il en veut à la terre entière et probablement à l’humanité toute entière. Il ne les accuse pas de lui avoir fait du mal, non, il n’est pas du genre à se plaindre. Bien au contraire. Il serait plutôt de ceux qui donnent une baffe aux capricieux. S’il en veut à l’humanité, c’est uniquement parce qu’il trouve les gens stupides et irrespectueux, de manière générale.

Cela fait, plus ou moins, de lui, un misanthrope. Solitaire, il l’est, dans le sens où il n’aime pas les gens. Mais en réalité la solitude le tue à petit feu, ce qui donne une contradiction de plus dans son caractère. Car, oui, comme la plupart des hommes, Dendroth est paradoxal.

Pour illustrer cela, le Möln est une personne terriblement intelligente. Il n’en a certes pas vraiment l’air lorsqu’on le regarde, mais son esprit critique et sa capacité d’analyse sont terriblement vivaces et frappants. Si bien qu’il pourra facilement choisir des mots blessants et marquants. Mais, d’un autre côté, malgré le fait qu’il ait conscience de ne pas être stupide, il affirme et a toujours affirmé qu’il faut être stupide pour bien faire les choses. Sa théorie repose sur le fait que la bêtise est le seul moyen pour être quelqu’un de bon.

D’un autre côté, Dendroth déteste tout ce qui se rapproche, de près où de loin, à des mots appelant à faire preuve d’un quelconque esprit chevaleresque. Il croit que les hommes sont tous misérables, minables et médiocres, et s’inclut dans le lot, si bien qu’il se moque de l’héroïsme, et fait preuve de sarcasmes sans nom envers toutes les promesses, les « pour toujours » et les « à jamais » auquel il ne croit pas. Exemple, si vous venez le voir pour lui dire que vous aimerez votre amante jusqu’à la fin de vos jour, il vous traitera d’imbécile, si vous dites que vous faites profondément confiance à quelqu’un au nom de votre amitié, il rigolera.

Quelqu’un qui fait un bras d’honneur au ciel tant il est en colère contre Dieu n’est absolument pas athée. C’est pour ça qu’il est faux de dire que Dendroth est athée. Il déteste de toutes ses forces ce Dieu, mais y croit profondément. Il est persuadé que ce dernier existe, et qu’ils sont, tous deux, en guerre permanentent depuis sa naissance.
Le vieillard est persuadé que Dieu n’est pas bon, qu’il ne sait pas ce que bonté veut dire, parce qu’il voit précisément Dieu comme un homme, ces hommes qu’il hait.

Lorsqu’on rencontre Dendroth, il va être difficile de lui adresser la parole. Il est fermé, terriblement fermé. Une forteresse aux herses basses, et aux gardes qui tirent à vue. Le vieil homme a beaucoup de mal à s’exprimer, en réalité, il n’arrive pas à choisir ses mots, ni à faire vraiment sentir ce qu’il pense. Son réflexe de protection sera de faire fuir la personne qui lui parle. Et quand débat il y a, il faut beaucoup de patience pour que monsieur Möln parvienne à dire ce qu’il a en tête, à l’expliquer. Ça n’est pas toujours facile pour quelqu’un qui n’a pas eu d’éducation intellectuelle, qui ne sait pas lire, ni écrire, et qui n’a ainsi pas eu l’occasion de voir de longs raisonnements structurés en paragraphes.

En somme, Dendroth est un vieux grincheux désagréable, pas toujours très poli, assez froid et peu doué pour la communication, mais avec un bon fond.

Histoire:

[Je m’excuse à l’avance pour la vulgarité employée, ainsi que le côté assez violent de certaines descriptions. Je les justifie simplement par le fait que ce personnage soit né dans la misère, si bien que son langage n’est pas le plus courtois du monde. La lecture est déconseillée aux jeunes membres.]

Il parait, on me l’a souvent affirmé, que l’aurore ne pointait qu’à peine, lorsque le père Ledenheim m’a trouvé abandonné au sein de l’église, hurlant et pleurant. Comme quoi, je m’en fais la réflexion aujourd’hui, j’ai sûrement toujours été un lève tôt et, de même, un emmerdeur.

Je suis né dans la petite ville de Heikenburg, au nord de l’Empire Germanique. Ses rues pavées, ses odeurs fleurissantes et piquantes, son froid mordant et son chaud haletant, je n’ai eu la chance de les fréquenter réellement qu’une vingtaine d’années plus tard.
Car la dure réalité voulut que l’on ne sache pas vraiment, comme souvent avec les choses embarrassantes, quoi faire de moi.
Le père Ledenheim ne manquait pas de bonne volonté, certes. Il cherchait, et il a cherché longtemps, une riche famille qui aurait bien voulu de moi.
« Je ne pense pas pouvoir m’en montrer digne, pardonnez-moi, mon père. » répondaient les plus polis, « Non merci. » rétorquaient ceux qui l’étaient un peu moins. Et tous, finissaient par fermer leur portes.

Bruit de porte qui grince et claque. Noir.

Que voulez vous ? Lorsque l’on a une tête comme la mienne, ça calme tout de suite les ardeurs.
Oui, je suis bigrement moche, j’en ai amplement conscience et puis, je crois avoir atteint un âge où l’on s’en moque profondément. Ça n’est pas comme si j’allais me surprendre en regardant mon reflet dans l’eau. « Seigneur Jésus ! Mais je suis laid ! » comprenez que cela serait ridicule. Il y a bien des valeurs plus importantes dans la vie que l’apparence des choses, la mienne ne m’intéresse guère. Je la connais.

Sabots martelant la terre.

Le père Ledenheim fut obligé de prendre la route. Chevauchant sur les sentiers marrons de feuilles mortes, le bras enlaçant le linge blanc qui me couvrait. Il parcourut les habitats pauvres des environs de Heikenburg. Selon ses dires, il songea même à me garder, pendant un moment, mais uniquement si personne n’avait voulu de moi. Car hélas, il ne pouvait guère se le permettre. A cette époque la famine frappait nos régions d’Europe centrale, et l’hiver approchait, et la quête ne lui rapportait pas autant qu’il l’aurait voulu. Sa crainte, il me l’a affirmé, était de ne pas pouvoir me rendre heureux.
Ça n’est qu’une demi-lune après m’avoir recueillit que le bon prêtre s’accorda de porter sa charité jusqu’en mer du nord.
Sur le littoral de brume, il y trouva ceux que je considère, encore aujourd’hui, comme mes parents.
« Voulez-vous, mon fils, prendre avec vous cet enfant du seigneur, et l’aimer comme s’il était votre descendant ? »
« Oui. » répliqua monsieur Möln, mon père, après une longue réflexion.
L’on me dit, plus tard, qu’il n’avait pas pour habitude de parler plus que ça. A croire que j’étais bel et bien de son sang.
Je regrette, de ne pas l’avoir connu.

Vent qui souffle dans les branches et les vagues, siffle sur les landes et transforme flamme en fumée. Plongé dans l’ombre. Pluie.

Sorcier ? Plus tard on m’accusera de magie noire et d’hérésie, de marchandage avec le Malin. Sorcier, je le suis peut-être. Du moins, tout porte à croire que ma sale gueule attire le mauvais œil. Car c’est le soir même de mon adoption que mes parents ne revinrent pas de la pêche.
Ni le lendemain.
Ni les cinquante-trois années suivantes.
Pourtant, l’atmosphère était calme, d’après mon frère, lorsqu’ils sont partis. Rien ne présageait d’une telle tempête.
C’est d’ailleurs ce frère, haut et fier de ses quinze ans, qui prit à son tour la bannière de notre famille, ce jour là. Ma sœur de treize ans s’occupa de moi. Elle me porta à Dame Kriesse, qui accepta de m’allaiter en l’échange de quelques travaux. Pendant ce temps, mon frère décida de mon prénom. Dendroth. C’était proche de l’hébreu, et des appellations démoniaques, lui fit-on remarquer. Cela ne ressemblait pas aux noms des apôtres, ni des saints. Mais dans la naïveté de sa jeunesse, mon frère fut têtu, affreusement têtu. Rien ne put le dissuader de me baptiser ainsi, et il le fit.
Plus tard, il m’avoua avoir entendu ce murmure sur la barque, entre les vagues et le vent, un jour de brouillard.
Dendroth.

Piaillement. Chant des oiseaux du matin.

Par miracle, je survécut à l’hiver. A cette époque je m’accrochais à la vie, parait-il, comme la tique s’accroche au chien. L’instinct de survie est si fort, dans ces jeunes années, que l’on a du mal à comprendre que l’on puisse attendre la mort avec tranquillité.
Et maintenant c’est pourtant bien ce qu’il m’arrive. Non pas que je pense avoir accompli mon destin, ni fini tout ce que j’avais à faire. Non pas que j’imagine avoir fait mon temps, et qu’il serait bon de trouver le repos éternel. Non. C’est simplement mon corps, qui devient plus lent et plus calme, qui se détend.
Ma jeune fougue vivace est endormie, maintenant la nature me fait voir les choses sous un autre jour. Tout comme elle nous donne l’instinct de survie, aujourd’hui elle me donne le loisir de converser avec le trépas, et d’en faire un ami.
Lorsque mes yeux suivent le reste du chemin, je suis avec ma mort.
Lorsque mon crâne se retourne et fixe mes pas, je suis avec ma vie.

Vision d’une cabane et d’herbes hautes, odeur de vase. Écume.

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de ma jeune enfance. Le peu que je me souvienne sont des bribes illogiques, éparpillées en moi sans raison, qui ressurgissent de sons et de senteurs.
Certains mémorisent les évènements les plus marquants par leur côté heureux. D’autres se rappellent des évènements les plus marquants par leur tristesse. Moi, je n’ai de mémoire que pour des instants strictement sans importance. J’ai parfois le sentiment que je suis le seul à marcher ainsi.
Pour exemple, rien ne m’évoque véritablement le mariage de ma sœur, parfois je doute presque que je fus présent lors des célébrations. Et c’est à chaque fois le même souvenir qui me revient alors en tête, pour m’affirmer que si :
« Tu as vu le vieux crouton, assis sur le banc, au mariage de Klaudia ? C’était Herr Von Gregenteil ! » Ces propos, dits par la voix de mon frère en des temps mystérieux, hantent mon esprit. Même si je n’ai actuellement aucune idée de qui fut « Herr Von Gregen-truc », le fait est que cette phrase est gravée en mes songes. Pourquoi celle-là et pas une autre ? C’est bien la question que je me pose.

Suite d’images floues. Rires, parfums de sable. Néant.

L’on vivait certes dans la misère, mais je considère que mon enfance baigna dans le bonheur. Ma sœur, mariée tard, laissa tout de même une légère empreinte d’affection en moi, qui me manque parfois, même si je n’ai plus espoir de la revoir aujourd’hui. Si je ne me trompe pas, le brave mari était originaire de Hamburg. Peut-être aurais-je la chance d’y trouver ses enfants un jour, ils me montreront sa tombe, et j’irais gaiement y déposer des petites roses d’amour.. Et cela ne changera rien.
Mon frère se mariait à son tour alors que je commençais à aider à la pêche. Malgré notre différence d’âge colossale, mon frère et moi avons noué une relation très forte. Plus proche, sûrement, d’une relation père-fils que fraternelle. Je suis mal placé pour en juger ma foi, je n’ai aucun élément de comparaison, et je ne dis pas ça pour me plaindre ni parce que cela me manque. Je vis très bien ainsi.

Senteur du large, la voile qui se plie et se déplie avec violence. Clap. Clap.

Lorsqu’il était mourant, mon frère m’a fait mander près de lui. Sa femme pleurait, je me souviens. Il est vrai qu’une mort prématurée a toujours un petit quelque chose de triste. Nous l’avions porté à plusieurs médecins, aucun d’eux n’avait pu nous dire la nature de sa maladie, ni lui proposer de soin. Sa femme pleurait, ce jour là, moi pas.
Les hommes ne pleurent pas.
Haut et fier de mes quinze ans, je m’approchai du trentenaire, m’assis et attendis qu’il m’adresse la parole. Ses yeux se posèrent dans les miens. Ils étaient presque magiques ces iris, quelque part entre le vert et le bleu, entouré d’un halo de noisette. Toutes les couleurs possibles et belles du regard, réunies.
C’est alors que la voix de mon frère sonna, et ces mots resteront à jamais plantés dans ma tête comme l’hameçon transperce la gueule.
« Dendroth, petit frère... Tu seras bientôt le dernier, le dernier des Möln. Le dernier à pouvoir faire honneur à notre famille, par et pour les valeurs du travail, de la pêche. »
Ses mains s’allièrent lentement. Il retira de son doigt un anneau que je lui avait toujours vu porter. Un bijou si peu épais qu’il faut bien le fixer pour le voir.
« Cette bague, » poursuivit-il, « elle me fut donnée à la naissance, par notre père. C’est elle qui est le symbole, le seul symbole de ce que nos ancêtres attendent de nous. Elle nous rappelle notre devoir, celui de pêcher, pour nourrir, pour vivre et prospérer. »
Faiblement, il éleva son bras, celui qui tenait l’objet, et l’approcha de moi.
« Je voudrais, Dendroth, que tu me promettes, à jamais... »
L’anneau glissait le long de mon index gauche, poussé.
« De garder cet anneau au doigt, en mon nom. »

Rayon de soleil, passant entre les feuilles d’un chêne.

En ce don, j’y voyais une lumière, un but, une destinée. Mais hélas, j’ignorais bêtement que la lumière éblouissait.
Elle est la seule qui éblouit. L’ombre, quant à elle, ne fait qu’obscurcir nos regards.

Suite de visages. Brise secouant l’herbe.

Frère mort. Enterrement. Départ de la veuve.
J’étais seul.

Musique entraînante, foule dansante. Couleurs.

Dans mes jeunes années, lorsque je ne pêchais pas, j’en profitais pour aller dans les tavernes, les bals et festivités. En regardant le monde, en regardant les êtres, confinés les uns sur les autres, tout sourire, tout rire, sans raison, j’y ai rapidement vu une forme d’absurdité. Il est facile, dans ces conditions, de se demander ce que l’on fait là. Pour eux je n’avais pas de nom, j’étais « l’homme laid qui boit ». Pourtant je passais mon temps à travailler, à trimer comme un chien, bavant et crachant ma vie entre mes dents serrées pour, revigorer, leurs ventres gras, et c’est là le seul respect que ces hyènes me donnaient ?
Ils jubilaient et s’esclaffaient comme des petits porcs boueux. Et moi, j’avais de l’estime pour certains d’eux, qui n’en avaient pas pour moi. Et moi, je vouais un amour fou pour certaines d’entres elles, qui préféraient se faire sauter par des petites têtes d’anges prétentieuses, sans même me regarder, parce que moi j’étais une tête de démon.
Peu importe où j’allais, c’était toujours la même chose.
Les rares amis que j’avais n’en étaient pas vraiment. Les rares femmes qui m’ont accepté sont toutes parties.
Sans proche, je m’approchais, ils détournaient le regard.
Ils détournaient tous le regard.
Alors, j’ai fini, moi aussi, fatalement, par le détourner.

Nuit. Sombre. Yeux ouverts, cernés, fixant le plafond. Agacement, soupir. Main repoussant un drap, les pieds qui se posent au sol. Levé. Jambes douloureuses. Marche. Porte qui grince et se referme derrière l’homme. Nuit froide, glacée, qui ronge les doigts. Avancée jusqu’à la barque. Doigts givrés défaisant un nœud, puis empoignant les rames.
Fumée qui sort, par la bouche. Bruit régulier des rames qui forcent dans le liquide noir, brisant le silence. Puanteur, poisse.
Vagues agitées. Bras qui tirent sur une corde, effort. La voile qui se gonfle, tout en montant le long du mât. Etendue d’eau, à l’infini. Filet plein de sel, jeté aux flots.
Rayons du soleil levant. Remontée du filet, poissons tombant sur le bois, remuant, s’asphyxiant, paniquant.


C’est con un poisson. Moche aussi. C’est con et c’est moche un poisson. Rien qu’à sa tronche, à ses yeux vides et déjà morts, on devine la médiocrité de son existence, on devine qu’il n’y aura aucune différence entre lui vivant et lui mort. Hormis un ridicule mouvement clapotant, inutile et insensé. Ça me ressemble un poisson. Les hommes sont tous des poissons.

Poisse poisson écailles poisseuses. Glissantes, alors que la paume se referme sur elles. Poigne ferme. Couteau gras passant, craquant, dans les entrailles de l’animal. Œil noir, globe sans vie. Doigts gelés, couverts de visqueux, s’enfouissant dans la poche scintillante, lui faisant vomir chaque organe, puis la faisant tomber, dans un bruit étouffé, sur les autres cadavres vidés, sans tombe. Nuages gris, hurlements stridents de mouettes, volant par dessus le macabre spectacle. Puanteur, saleté. Mains dégoûtantes, passées dans l’eau. Mains dégoûtantes, de sel, passant sur le visage, dégoûtant de sel. Soleil au zénith, chaleur. Chaleur intenable, transpiration, soif, faim.

Non, finalement il y a une différence. Les hommes, ils sont quand même plus intelligents. Juste assez pour savoir prendre les poissons en traître, et les buter lâchement. L’intelligence, c’est le seul pas qu’on fait vers le vil. Alors si Dieu a fait l’homme a son image, je ne peux penser, je ne peux imaginer que Dieu soit bon. Si Dieu est bon, alors Dieu est con, Dieu est un poisson.

Amarrage. Sortie de la barque, un sac de poissons sur le dos, des mouettes et goélands. Longue marche, épuisante, sous le soleil. Sac lourd. Lourd et misérable en valeur. Echange de mots avec des marchands, têtes coupées, une main qui tend quelques pièces dans la paume pleine de sel. Le soir qui tombe.
Vision d’un homme, rentrant vers une vieille cabane, entourée d’herbes hautes.


Le travail, la pêche, depuis que j’ai eu vingt ans, j’ai travaillé de toutes mes forces, tout mon sang, pendant vingt autres années. Tous les jours, même le dimanche, même le jour pendant lequel Dieu se reposait. J’ai travaillé comme un dément, mais pas assez pour payer les taxes excessives du seigneur de Heikenburg.

Le sac se vide sur une table ronde. Des têtes. Uniquement des têtes de poissons. Feu dans la cheminée, vibrant dans les yeux noirs, affreusement cernés. Corps de sel se tournant vers les têtes visqueuse, mains de sel empalant l’une d’elle avec une pique, corps de crasse positionnant la pique au dessus du feu.
Dents de haine qui croquent dans le crane, et les yeux noirs. Goût affreux.
Dents de haine qui mâchent, puis s’arrêtent.
La pique tombe au sol. Mains sales, tremblantes qui montent vers le visage, le recouvrant. Corps secoué.
Etranges gouttes, tombant des yeux noirs.


Puis un jour, j’ai compris. Jeune, nous avons une envie de puissance. De grandeur, de valeur. Une envie de chevalerie, de dignité, d’honneur. Une envie indomptable de vibrer par le sens de nos actes, de faire ce qui est le plus beau.
J’ai compris que tout ceci, c’était comme considérer la vie comme un conte de fée. Dans la vie, il n’y a pas de choses si hautes, ni de choses suffisamment basses pour pouvoir monter si haut. Tout est gris. Pas noir, pas blanc, gris. Viser le blanc, c’est se tuer. Viser le noir, c’est mentir.

Arrêt des sanglots.
Les mains s’écartent lentement du crane. Regard injecté de sang, voulant mort.
Paume gauche qui s’écrase contre la table des têtes de poissons. Paume droite qui empoigne le couteau.


Je respecterai ma promesse. Je garderai cet anneau, au doigt.

Douleur, insoutenable. Perles de sang qui s’accumulent autour de la lame, autour de la plaie. Muscle entaillé. Tremblements. Bouche fermée, mâchoire broyant les molaires les unes contre les autres. Et la main qui pousse encore sur le manche, et chaque petite avancée qui se ressent, dans tout le corps.
L’os.
Les yeux se ferment. Coup sec. Hurlement.
Main gauche à quatre doigts, sanglantes, s’approchant des flammes. Index gauche, muni de l’anneau, posé sur la table.


Par la suite, j’ai tout cessé. Plus de messes, plus d’hommage à Dieu, plus de taxes, je n’ouvrais même plus au percepteur des impôts. Je laissais mes volets fermés. Mes sorties consistaient uniquement à prendre suffisamment de poisson pour me nourrir.
Uniquement moi. Moi avec moi-même. Je n’avais besoin de personne d’autre.
Ma cabane était tant perdue, au milieu de nulle part, que j’ai eu la sensation pendant un long moment qu’ils m’avaient oubliés.
Un matin, alors que je revenais de la pêche, je vis un petit chat noir, maigre et sale. Au début, je ne m’entendais guère avec lui. Il tentait de me chaparder mes aliments, et je ne le tolérait pas. Je le bannissais de chez moi, je le traitais de tous les noms, je le maudissais et affirmais que j’aurais voulu le voir décédé.
Mais chaque jour, il revenait.
Je le chassais avec un bâton, je le poursuivais, il grimpait dans l’arbre. Puis j’essayais de lui donner des coups de ma branche, mais en réalité c’est lui qui fichait des petites tapes de ses pattes à mon bout de bois.
On était les mêmes deux enfoirés.

Tête de félin aux poils manquant. Miaulement.

C’est pour cette raison que j’ai décidé de le garder, en lui donnant ce nom. On s’est adoptés mutuellement. Je lui donnais moi-même un peu de poisson à manger, et lui de son côté ne venait pas piquer directement dans mon assiette. C’était notre arrangement. Le Pacte.
Je l’ai vraiment aimé, l’Enfoiré, nous avons vieillit ensemble, tous les deux. Le soir, je regardais l’océan, assis sur le banc derrière la cabane. Il venait s’asseoir à côté de moi. Nous n’échangions pas de mot, après tout c’est naturel puisque nous ne parlions pas la même langue. Mais, c’est une façon de dire que nous respections le silence.
Un chat, c’est sage. Non pas cette sagesse que certains intellectuels croient atteindre avec philosophie, je ne parle pas de cela. C’est cette sagesse que seul quelqu’un qui ne réfléchit pas peut acquérir. La vraie sagesse.

Chocs, claquant contre le bois.

Pendant les treize ans que l’Enfoiré et moi avons vécu ensemble, nous avons vu des maisons, presque tout un village se construire, non loin de nous. Bientôt, des gens remarquèrent ma présence, et des rumeurs se mirent, je crois, à circuler sur mon compte. On devait me trouver étrange, on devait se rendre compte que je ne venais pas aux célébrations ni aux messes.
Certains matins, des gamins venaient jeter des cailloux contre mes volets. Je sortais et les congédiais avec fermeté. Ils avaient peur de moi. Ils me traitaient de sorcier.
Tous les gens qui me connaissaient, ils étaient, morts.
J’étais anonyme.
Ainsi, on vint me visiter plus d’une fois. A chaque fois que l’on toquait, l’Enfoiré et moi nous regardions, étonnés, j’y allais. J’entre ouvrais le volet, juste de quoi voir mon interlocuteur.
« Bonjour monsieur. »
« Quoi ? »
« En réalité, vous êtes étranger à nos connaissances, nous voulions savoir votre nom. »
« Dendroth. »
A chaque fois que je prononçais mon prénom, on me regardait avec de grands yeux, ou l’on croyait que je me moquais d’eux. Puis je refermais.
Les récoltes, je crois, ne furent pas bonnes les années suivantes. Plus le temps avançait, plus l’on me mit la faute sur le dos, les gens venaient de plus en plus nombreux, pour m’insulter, ou bien me demander de m’expliquer. Je les chassais, en leur rendant leurs mots.

Saisons défilant, neige, gouttes scintillantes, rayons, gouttes sombres.

Les années passèrent. Je commençais à attendre la mort, puis je m’y habituais. Cinquante-trois ans. L’Enfoiré, je ne savais pas son age, mais il semblait vieux, lui aussi.
L’inquisition vint m’interroger. Je les accueillis comme j’accueille les autres.
Ils voulaient rentrer chez moi, pour vérifier que je n’avais pas recours à des rites secrets, ils voulaient rentrer chez moi, pour fouiller dans ma demeure et scruter ma vie. Je leur interdisais, et ils revenaient.
Bientôt, je me demandais ce qui les poussait à ce point, à ne pas respecter la dignité d’un misérable vieillard, qui attend simplement son heure.
Leurs visites se firent de plus en plus courantes, différents hommes virent à moi. Ils se disaient patients, ils se disaient très compréhensifs par rapport à moi.

Forme immobile. Même lorsqu’on la secoue.

L’Enfoiré est mort, une nuit. Il ne s’est simplement pas levé, ce matin là. J’ai compris.
Je l’ai laissé à notre demeure, je lui ai laissé notre maison. La maison des Möln. Courbé, marchant avec difficulté, car mon dos me faisait souffrir, je marchais jusqu’au bateau, ce matin là. Et ce soir là, je ne reviendrais pas de la pêche, car je n’étais pas allé pêché.
Je suis parti.

Brume, flottant au dessus de l’eau.

Le temps s’écoula, à une vitesse que je ne pourrais estimer. Je dormais, parfois j’ouvrais les yeux, parfois je les fermais. Le voyage semblait si long. Je manquais de nourriture et surtout d’eau. Les nuages passaient au dessus de moi, et la brume m’encerclait.
Elle se fit de plus en plus épaisse, jusqu’à masquer complètement le monde.
Je ne voyais plus rien, je ne savais plus rien. Mon esprit s’échappait, déphasé. Incapable de dire où j’étais, qui j’étais, quel age j’avais.
Puis, un jour, j’ouvris les yeux.
Le brouillard ne m’entourait plus vraiment. Une grande lumière venait sur mon visage. Je passais la tête au dessus des flots, regardais mon reflet, et m’hydratait le front.
Stupeur lorsqu’elle passa sur mes lèvres.
Stupeur.
L’eau était douce.
Je ne sais pourquoi, mais suite à cela, une force colossale m’a transporté. Je me fixais un cap, je savais où je devais aller. Alors je m’y dirigeai, jusqu’au jour où la terre apparut.
Ce jour là, c’est aujourd’hui.
Je ne sais ce qui m’attend là bas, mais pour le moment je ne vois nulle civilisation. Espérons, s’il y en a une, que celle-ci saura accepter un vieillard qui ne demande pas grand chose d’autre que du respect.

Spécialité: Cela ne s’est produit qu’une seule fois, mais il semblerait que sa brume le dote d’un don de téléportation. Il ne sait pas le maîtriser.

Avez-vous un autre surnom, en tant que joueur ? Sern
D'où avez-vous connu le fofo ? En passant sur le forum Tuatha de Dearmad
Depuis combien de temps rpez-vous ? Environ 3 ans je pense
Qui est l'auteur de votre avatar ? (si vous le connaissez): Aucune idée, désolé
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MessageSujet: Re: Dendroth Möln, le pêcheur   Dendroth Möln, le pêcheur EmptyVen 17 Aoû - 16:20

Bienvenue, vieil Homme !

C'est une très belle fiche, que je m'empresse de valider ! Néanmoins, il faudra que tu redimensionnes ton avatar: sa largeur doit être de 200 pixels !

Nous te souhaitons un bon RP parmi nous ! Tu intègres le groupe des Pêcheurs, ta spécialité "téléportation" est acceptée. 40 points de spécialités vont être crédités sur ton compte, tu pourras les affecter en combat ou dans tes spécialités ou encore les conserver au chaud pour l'avenir. Tu nous avais fait part de ton souhait de ne pas trop toucher aux points ect, mais bon, on ne sait jamais !

Bon jeu à toi !
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Dendroth Möln, le pêcheur
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