Section 2 : La société .
A/ La vie religieuseElle est omniprésente tant dans les villes que dans les campagnes. Nous sommes en plein essor du christianisme.
Au Moyen Âge, beaucoup sont des chrétiens. Ils croient qu’il y a une autre vie après la mort et qu’ils seront jugés : les bons iront au paradis, les mauvais seront condamnés à l’enfer. L’Église règle la vie des hommes, de la naissance à la mort. Elle leur rappelle en permanence que l’homme doit tout faire pour gagner le paradis. Elle impose des pratiques religieuses (réciter des prières, aller à l’église chaque dimanche, etc.). La journée est rythmée par la sonnerie des cloches, l’année par les fêtes religieuses.
Les clercs sont instruits ; ils enseignent dans les écoles, ils soignent les malades dans les hôpitaux. Ils viennent en aide aux pauvres et aux mendiants. Les clercs aident à améliorer les techniques agricoles et à défricher les forêts. L’Église essaie de maintenir la paix. Les combats sont interdits à l’intérieur des églises et durant certaines périodes de la semaine et de l’année. Les chevaliers ne doivent pas s’attaquer aux plus faibles. L’Église sacre, surveille et juge les rois. Elle affirme que le pouvoir de Dieu est supérieur à celui des hommes.
Le clergé est constitué de deux catégories d’hommes d’Église :
– Les prêtres qui vivent au contact des habitants. Ils assurent les cérémonies religieuses. Avec les évêques, ils forment le clergé séculier.
– Les abbés et les moines qui se retirent dans des monastères. Ils se conforment à une règle. Ils forment le clergé régulier.
Tous obéissent au pape, chef de l’Église.
Dans cette époque marquée par la foi, certaines femmes avaient une réelle vocation d'autres voyaient là une occasion d'échapper au mariage, de s'assurer une vie sûre et confortable, d'accéder à la culture. Les abbayes pouvaient recevoir des veuves et des dames nobles avec leurs familles en l'absence de leur époux. Les candidates au voile devaient se dépouiller de tout bien et suivre les règles strictes de St Benoit. Après la messe de midi, cent coups sont frappés à la cymbale afin que les sœurs se préparent au repas.
L’abbesse qui dirige le monastère est souvent imposée par les familles princières et est âgée de plus de trente ans. Elle règne sur un personnel d'auxiliaires appelées officières, prieures, portières, cellières et moniales. Les professes dominent les novices, les sœurs converses, les oblates et les servantes. Cette hiérarchie assure la bonne marche de la communauté. Quelques hommes y sont admis, les valets chargés des travaux agricoles; le prêtre officiant à la messe. C'est dans les monastères également qu'a lieu l'instruction des filles et des garçons à partir de sept ans. Ces écoles monastiques enseignent la lecture, l’écriture, le psautier parfois la peinture.
Les abbayes vivent en autarcie. Il existe des monastères doubles : d’un côté les moines de l'autre les moniales séparés par des clôtures et des grilles mais l'église voit cette mixité d'un mauvais œil et ceux-ci seront l'objet d'interdits conciliaires et civils (à cet égard est relatée l'histoire de nombreux bébés emmurés issus de cette cohabitation). Certaines femmes, pour expier leurs fautes et se consacrer à dieu pratiquaient la réclusion qui consistait à vivre dans une étroite cellule de pierre « le reclusoir » dont la porte était scellée ne laissant qu'une petite ouverture pour recevoir leur nourriture. Ce choix était précédé d'une cérémonie de renonciation définitive à la vie publique. Ces cellules étaient construites près d'une église ou d'un cimetière (cimetière des innocents), ou près d'un pont ou venaient les consulter les passants qui leur demandaient de prier pour eux. Tous les monastères sont tenus d'accueillir voyageurs et pèlerins. La religion imprègne la vie culturelle et joue un rôle fondamental dans la vie des femmes médiévales qu'elles soient nonnes ou laïques.
Deux catégories de femmes interviennent dans la vie culturelle du moyen-âge: les laïques de noble naissance et les moniales. Cultivées, elles protègent les écrivains et les artistes, composent des ouvrages savants, étudient les langues et la poésie.
On retrouvera principalement des hommes dans le Haut-Clergés. De même au sein de l’Inquisition.
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B/ L’habitatLe sol de la maison, le plus souvent en terre battue (le parquet introduit au XIVe siècle est réservé aux riches) est parfois fait de dallage grossier ou de carrelage. Les murs blanchis à la chaux dans les fermes ou de sortes de tapisseries en dominos (imprimés par les dominotiers) dans les demeures plus aisées remplacent les tentures trop onéreuses. La pièce mal éclairée par d'étroites ouvertures, et enfumée, est sombre.
Les meubles sont peu nombreux : La table, quand il y en a une n'est qu'une simple planche de bois que l'on dresse sur des tréteaux d'où l'expression « dresser la table » et disparaît dès le repas terminé car l'usage des pièces est indifférencié (la table fixe n’apparaitra que vers le XVIe siècle).
La vaisselle est le plus souvent rangée dans les tiroirs sans être lavée, parfois un ingénieux système de cavités creusées à même le plateau de la table, reliés par de petites rigoles pour en faciliter le nettoyage faisait office d'écuelles. L'évier lorsqu'il existe, est creusé dans un bloc de grès avec ''dégueuloir' où l'on place un ou deux seaux d'eau tirés du puits ou de la fontaine. Autour de la table on s'assied sur des bancs, les chaises ne faisant leur apparition qu'au XVIIIe siècle.
Souvent monumentale, la cheminée contient pelle soufflets, tisonniers crémaillère, chaudrons et marmites en fonte avec au-dessus quelque sommaire vaisselle de bois ou d'étain, de terre et de faïence, parfois une rôtissoire pour les plus aisés. On y suspend jambons et saucisses à fumer.
Le ou les lits placés près de l'âtre sont entourés de rideaux ou tentures pour se protéger du froid. Les fameux lits clos insérés dans des placards sont courts et ne permettent pas de s'allonger (la position couchée rappelant les gisants et les morts) on y dort presque assis sur des paillasses en balle d'avoine ou de paille assez inconfortables, couverts de moult couvertures et édredons. La famille s'y répartit à deux, trois ou quatre personnes après l'avoir réchauffé en hiver à l'aide d'une bassinoire ou chaufferette. On y partage chaleur mais aussi vermine !
De l'autre côté de l'âtre se trouvent le four à pain, le pétrin ou la maie (utilisée en été pour protéger les bébés contre les mouches !). Tout autour de la pièce sont rangés les coffres pour le linge et les habits (les armoires n’existent pas encore, ils seront inventés à partir du XVII et XVIIIe siècle (dont la célèbre armoire de mariage, offerte par les parents de la mariée où celle-ci empilera les pièces de son trousseau)). Les riches peuvent jouir d'une horloge, d'un vaisselier ou d'un bahut. Tous ces meubles en bois fruitier (cerisier poirier, noyer) sont faits par le menuisier local et décorés de motifs.
Autrefois pas question de vie privée : tout se passait dans la cohabitation et à ce sujet ne sentez-vous pas des odeurs inhabituelles dans une maison ? Elles proviennent des poules, chèvres et cochons qui viennent faire leur tour eux aussi à tous moments. L'animal domestique est alors très proche de l'homme qui soigne ses bœufs et les fait bénir une ou plusieurs fois l'an. Les abeilles sont un bien précieux pour leur miel mais on va les informer aussi du décès de leur maître afin qu'elles s'abstiennent de butiner les jours suivants !
Depuis longtemps, les animaux sont à ce point associés à l'homme que l'on n’hésite pas à leur attenter des procès lorsqu'ils détruisent des récoltes ainsi sont excommuniés des mulots, des charançons, des sauterelles, des chenilles ! On ne compte plus les truies ou les taureaux conduits au gibet pour avoir blessé quelque humain. On agit de même avec les ours et les loups responsables de dégâts.
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C/ Les métiersIl est très important de discerner la ville et la campagne car ce sont deux mondes différents. En province, la vie et les habitudes sont des plus précaires, bien que ce soit le XVe siècle. En ville, les métiers sont spécialisés et plus rentables. Il n’est pas forcément nécessaire d’être noble pour devenir un riche bourgeois.
1. Le travail de la mineIgnoré de l'antiquité le charbon est récolté au début du moyen-âge sur les plages d'Angleterre sous forme de morceaux de houille appelés charbon de mer. L'extraction du charbon de terre rare encore provient de mines à ciel ouvert ou dans des galeries peu profondes. Les mineurs qui recherchent le minerai de fer comprennent les fouisseurs qui creusent la mine, les charpentiers pour le boisage des galeries, les piqueurs qui attaquent le filon. C'est une activité très dangereuse (éboulements, inondations, manque d'air) aussi le métier est-il assigné aux esclaves et aux condamnés. Seuls les riches et les puissants ont les capitaux nécessaires à l'ouverture des mines.
Le minerai extrait est concassé au maillet nettoyé à la main au fil de l'eau, transporté dans des hottes vers la fonderie où, mêlé à de la chaux, il est chauffé à haute température dans les fourneaux, les impuretés s'écoulant par un orifice à la surface du métal en fusion. Le four a la forme d'une calotte hémisphérique à demi enterrée et porte le nom de bas-fourneau ou four à la catalane, utilisés jusqu'à l'apparition des souffleries et hauts-fourneaux qui permettent une liquéfaction complètes du métal. La fonte coulée est expurgée de son carbone dans les affineries par des spécialistes de la sidérurgie.
2. Le ferLes Ferrons, les maîtres de forges monopolisent la production du fer coulé en plaques ou en gerbes et vendue aux forgerons. Il existe vingt-deux spécialités du travail du fer. Les forgerons transforment et façonnent le métal dans de modestes ateliers munis d'enclumes, cheminées soufflets tenailles et marteaux. La forge est construite en terre réfractaire ou brûle le charbon de bois, le feu est avivé par des soufflets latéraux que manœuvrent des valets. Fournissant armes, armures, outils et ustensiles de ménage, socs de charrues faucilles et pelles, ferrant les sabots des chevaux, le forgeron jouit de prestige envers la communauté rurale et se fait son porte-parole auprès des puissants. Les serruriers posent et réparent les serrures, forgent les grilles les chandeliers, parfois les battants de cloches, mais fabriquent également les horloges.
Les couteliers fabriquent les lames et les armes tranchantes assemblées ensuite par les couteliers-faiseurs de manches .Les artilleurs produisent cette arme terrible qu'est l'arbalète de fer.
3. Les potiers, les métiers du bois, du selLes potiers sont nombreux dans les villages médiévaux. Ils œuvrent en famille ou en petites unités artisanales assez pauvres. Des villages spécialisés en poteries fabriquent une céramique commune destinée à l'usage courant, construits en bordure de forêts pour disposer du combustible nécessaire à la cuisson.
Les menuisiers appelés fustiers, qui fabriquent tables, bancs et coffres se partagent le travail du bois avec les charpentiers qui œuvrent sur les chantiers, construisent les maisons à pans de bois et couvrent les toits en bardeaux, les menuisiers et les sabotiers.
La production du sel fait vivre beaucoup de régions car il est nécessaire à la conservation de la viande et du poisson, à la fabrication du beurre et du fromage. Il est obtenu par évaporation dans les marais salants. Dans le nord de l'Europe existent des « maisons du sel »ou l'on fait bouillir l'eau de mer dans de gros chaudrons pour en extraire le sel.
4. Le pierre et le verreLes carriers arrachent la pierre aux parois rocheuses à l'aide de pics, puis l'égalisent au marteau ou à la « brette ou bretture » l'affinent aux ciseaux et la polissent à la râpe. Payé à la pièce, le tailleur de pierre grave sa marque sur chaque pièce. Les pierres sont ensuite acheminées par bateau ou charrettes sur les chantiers.
Le terme de verrier désigne deux spécificités : l'artiste qui peint les vitraux et l'artisan du verre dont les fabriques sont également construites près des forêts .Les fours nécessitent de grosses quantités de bois et leur chaleur considérable rend le métier pénible et dangereux qui demande de grandes compétences. La pâte de verre est composée de sable siliceux et de cendre de hêtre. Des plaques de verre remplacent le papier huilé ou le parchemin des fenêtres chez les plus riches, les savants portent des lunettes de vue. L'introduction de la canne à souffler et la coloration avant la cuisson accompagnent l'essor de la verrerie à la fin du moyen-âge.
5. La constructionLa croissance continue des villes, l'enrichissement des princes et du clergé qui font édifier palais et cathédrales profite aux métiers du bâtiment dont les spécialisations sont nombreuses : tuiliers, chaumiers charpentiers briquiers maçons, paveurs et plâtriers. De la modeste maison en torchis de l'ouvrier et de l'artisan aux splendides hôtels des riches, nombreux sont les chantiers ouverts au fil des siècles ! Les cathédrales gigantesques représentent une œuvre de longue haleine.
Ceux qui édifient les cathédrales sont en fait des ouvriers hautement qualifiés, spécialisés et bien rémunérés. L'élite du bâtiment comporte les « lapicides, espilleurs, ou entailleurs », les maçons qui se contentent de poser la pierre « les coucheurs ou asseyeurs » sont la classe'' inférieure'' de la corporation. Le maître d'œuvre est un maçon auquel une longue tradition de savoirs permet de dresser les plans et de marquer les fondations au sol (le terme d'architecte n'existe pas au moyen-âge). Règle graduée bâton et gants sont ses attributs honorifiques, on le représente muni d'un compas. Les poses de vitraux sertis de plomb font appel aux verriers spécialisés dans cet art.
Très peu d'échafaudages sont utilisés pour la construction, les maçons installent de petites passerelles de bois soutenues par des chevrons insérés dans des trous de boulin et se servent du bâtiment à mesure de son édification. (Combien d'accidents et de morts sont-ils imputés à ce système précaire?) Les pierres sont levées par un système de cordes et poulies parfois de potences ou de grues en fin de moyen-âge. Les outils évoluent peu : le marteau dentelé (ou brette) le marteau-pioche pour la pierre, le fil à plomb la truelle et l'équerre. Les ouvriers du bâtiment disposent d'une cabane appelée loge où ils s'abritent et rangent leurs outils. Ce terme est peu à peu associé au groupe des maçons pour lesquels son rédigés « les statuts de la loge ». Tous les corps de métiers se déplacent en fonction des chantiers.
6. Les fabricants d’outilsLes fabricants d'outils sont extrêmement spécialisés : les vrillers font les vrilles, les forcetiers les forces (grands ciseaux qui servent à tondre les tissus de laine) ils sont réunis dans les métiers des '' grands tailleurs blancs'' qui revendiquent la fabrication d'outils destinés aux charpentiers, bûcherons, tonneliers et tondeurs de draps..Les rémouleurs ambulants concurrencent les émouleurs de couteaux ou de forces. Les lormiers fabriquent les mors des chevaux, les étriers et les éperons, leur métier est lié à celui des selliers. Les armures sont produites par les fourbisseurs de harnois. Les heaumiers font les pièces des armures, les haubergiers celles de la cotte de maille.
Les charrons cerclent de fer les jantes des roues. Les fèvres forgent clous et serrures, les ferrons sont les ancêtres de nos ferrailleurs, ils récupèrent et recyclent les vieux objets métalliques.
Miroirs et sonnettes sont dus aux artisans d'étain qui laissent la fabrication de la vaisselle aux potiers d'étain. En 1268 bien d'autres métaux sont travaillés en particulier le cuivre et le bronze. Les fondeurs et mouleurs de cuivre produisent des boucles de ceinture et des ustensiles de la vie quotidienne. Les lampiers fabriquent des chandeliers et des lampes en cuivre.
Les chaudronniers ou peyroliers façonnent les poêles pots et chaudrons de cuivre et de bronze. Les plombiers travaillent le métal auquel ils doivent leur nom, destiné en particulier aux gouttières. A cela s'ajoutent des petits métiers comme les attachiers qui font de petits clous pour décorer ceintures et harnais, les boutonniers et les patenôtriers fabricants de chapelets de métal. Cette dispersion des artisans du métal en petits ateliers familiaux ne leur permet guère de s'enrichir en dehors de certains armuriers. Au sommet de cette hiérarchie se trouvent les monnayeurs et les orfèvres, .véritables artisans d'art, ils fréquentent les cours ecclésiastiques et laïques.
7. Le moulinLes moulins caractérisent le paysage médiéval, ils utilisent la force de l'eau pour actionner leur roue verticale maintenue par un axe, reliée à une autre horizontale elle-même jointe aux pierres à broyer. .Destiné tout d'abord à broyer le grain et l'olive, le moulin à eau se perfectionne et ses utilisations se diversifient. Il se transforme en moulin à fouler les tissus et à travailler le fer et le papier. C'est une structure en bois contenant la machinerie et les pierres à broyer montée sur un pieds central, trois branches maintiennent sa voilure.
Les paysans qui apportent leur grain à moudre doivent payer une redevance souvent en nature destinée au seigneur, dont profite aussi le meunier (appelé bonnet) qui à mauvaise réputation en raison de sa rapacité.
8. Les métiers de boucheSi à la campagne chaque famille fait son pain qu'elle va faire cuire au four seigneurial, cette pratique est interdite dans la plupart des villes où la production du pain est le monopole de plusieurs métiers. Les « blatiers » procurent la farine aux boulangers qui pétrissent la pâte alors que les « fourniers » cuisent le pain. Ils doivent travailler même le dimanche, n'ont pas le droit de produire des gâteaux réservés à d'autres corporations. Les pâtissiers ou « oublieurs » qui tiennent boutique fabriquent le « casse-museau » petit four croquant et dur, le « raton », les « talemousses » gâteau au fromage, les « bridaveaux » sorte de gaufres et d'autres pâtisseries : échaudés, choux et massepains. Ils ont également le monopole des pâtés à la viande ou au poisson très prisés au Moyen Âge, (pâté en croûte au saumon, à l'anguille, au porc, à la tourterelle, à la bécasse l'alouette ou la caille). Les « oublies » sont vendues dans la rue par les marchands ambulants.
Les citadins du Moyen Âge sont de gros consommateurs de viande ce qui rend les bouchers prospères malgré leur mauvaise réputation due à l'abattage des animaux dans la rue et de leur contribution à la pollution par les déchets qu'ils génèrent. Les bouchers vendent la viande de bœuf, veau et charcuterie, les « agneliers » la viande d'agneaux, chevreaux, lièvres lapin et perdrix. Les « galiniers » proposent des volailles, les tripiers des abats, les rôtisseurs ou « oyers » de la viande rôtie d'oie, de poule, du gibier et de la charcuterie. Les épiciers vendent des épices qui permettent de relever ou de masquer le goût de la viande fade ou avariée. La vente de fromage (très mal payée) est allouée aux vendeurs ou vendeuses de rue appelés « regrattiers ou regrattières » qui proposent aussi des fruits et des légumes
Il existe deux communautés de poissonniers : les marchands de poissons d'eau douce et ceux des poissons d'eau de mer. Sont vendus en particulier les harengs et morue salée du temps de carême (le sel permettant la conservation du poisson comme de la viande).
Voyageurs et pèlerins se restaurent dans les auberges qui logent également la clientèle. Les hostelleries offrent le gîte, elles affichent une enseigne emblématique dont elles finissent par prendre le nom. Beaucoup portent des noms de personnages religieux pour attirer les pèlerins : st Jacques, st Georges, sainte Catherine...ou d'autres sigles commerciaux : l'hôtellerie de l'ange, des trois mages, du chapeau rouge, le chapon, la couronne, le plat. Certaines de ces auberges sont tenues par des femmes veuves ou mariées à leur compte. Ce sont souvent des lieux de transactions où l'on passe des contrats d'affaires.
Les cabaretiers servent du vin au comptoir dans des gobelets d'étain ou de céramique sur l'étal, à même la chaussée. La cervoise, sorte de bière, est distribuée par les « cervoisiers »alors que les taverniers vendent le vin au tonneau ou au pichet.
9. L’artisanatLes tanneurs sont souvent repoussés hors des remparts en raison de la puanteur qu'ils dégagent. Ils lavent les peaux dans l'eau courante, les rasent, les assouplissent à l'aide d'huile et d'alun. Ils fournissent les selliers qui font les revêtements de cuir des selles (dont l'ossature de bois est réalisée par les « chapuiseurs »), les « blasonniers qui les recouvrent et y peignent des écussons, les lormiers, cordonniers savetiers, gantiers et relieurs de livres. Les cordonniers doivent leur nom au cuir de Cordoue avec lequel ils fabriquent les plus belles chaussures destinées à l'aristocratie tandis que les pauvres se contentent de faire appel au savetier. Les gantiers utilisent des cuirs très fins : chevreau chevrotin, peaux de cerfs de lièvre ou de mouton, tandis que les pelletiers vendent des fourrures venues des pays nordiques.
Le développement des administrations civiles et ecclésiastiques, la naissance de l'université permettent l'essor du métier de parcheminier.
10. Le textileLa production de la laine et autres tissus est la plus importante activité urbaine du Moyen Âge, toute les cités possèdent leurs draperies. Après la tonte, les femmes battent la laine sur des claies pour éliminer les impuretés, puis la plongent dans des bains successifs pour en ôter le suint, ensuite intervient le cardage (on place la laine entre deux petites planches de bois rectangulaires dotées de poignées et de dents) et le filage, activités souvent rurales, sources de revenus pour le foyer paysan. La toison (prête à être filée à la quenouille) est transformée en fil grâce à un délicat système de rotation suscité par le poids du fuseau. La bobine de fil constituée, le tissage peut commencer. Il débute par l'ourdissage, les fils de chaîne sont tendus sur un cadre de bois appelé battant.
Les métiers à tisser horizontaux permettent d'accroître la dimension des pièces tissées. Avec ce système, la création de motifs devient possible grâce à la navette que deux hommes se renvoient de chaque côté du métier. A ce stade le drap de laine est grisâtre, rêche et irrégulier (il s'utilise pour les couvertures des chevaux ou à l'usage des pauvres et se nomme « couette ou queute »). Il doit subir encore différentes opérations : lavé plusieurs fois, gratté au chardon pour le faire feutrer et retirer les nœuds encore présents, c'est le travail des lisseurs ou pareurs, puis ils sont foulés aux pieds par les foulons dans des cuves ou l'eau est mélangée à du sable ou de la lie de vin afin d'en expurger l'huile restante (Les foulons sont une corporation d'ouvriers mal payés aux conditions de travail exécrables). Les draps de laine peuvent ensuite être vendus au naturel ou colorés.
Les teinturiers, appelés « ongles bleus » piétinent les draps dans des bains de colorants, de mordants et d'alun. Le pastel donne un bleu très prisé faisant la fortune des villes qui le produisent. Le bois du brésil donne la couleur rose, la guaude le jaune et le vert, le brou de noix le noir et le Kermès ou cochenille, le rouge. Une fois teint le tissu est à nouveau rasé pour obtenir un meilleur moelleux. Les drapiers Parisiens fabriquent la « biffe » une étoffe renommée. Les marchands entrepreneurs font ainsi travailler cinq métiers différents : les tisserands (tissant également le lin et le chanvre) les tondeurs, les foulons, les teinturiers et les tailleurs. En fin de Moyen Âge apparaissent les tissus mixtes : la futaine qui mêle coton et lin, la « saye » laine et lin, et le feutre laine et poils d'animaux (lapin ou castor).
Le principal marché de l'habillement est celui des tailleurs de robes, des merciers et des chapeliers. Les brodeurs et brodeuses pratiquent la ''peinture'' à l'aiguille tandis que les tapissiers créent les superbes tentures de laine des demeures seigneuriales du Moyen Âge.
11. Métiers intellectuels et artistiquesLa plupart des enseignants sont des clercs, l'éducation étant contrôlée par l'église. En fin de Moyen Âge sont nommés des maîtres et maîtresses d'écoles laïques Dans les villes universitaires, la profession de libraires ou ''stationnaires'' apparaît au XIII e siècle, qui fait travailler les parcheminiers, les scribes ou copistes produisant des ouvrages destinés aux professeurs et étudiants. Une clientèle constituée de riches aristocrates et de membres du haut clergé leur commande de beaux manuscrits enluminés. Les premiers imprimeurs voient le jour au XV e siècle dans les grandes villes de France.
Si les médecins du Moyen Âge (ayant suivi des cours à la faculté) se contentent d'observer les malades et de leur prescrire quelque potion commandée chez l'apothicaire, les barbiers-chirurgiens, formés par apprentissage, rasent leurs malades, pratiquent des saignées et des lavements, posent des ventouses. Quant aux arracheurs de dents, ils soulagent définitivement les patients à l'aide de grosses tenailles, sur la voie publique à la vue et aux oreilles de tout le monde (certains embauchent même des musiciens pour couvrir les cris des malheureux !)
Les ménestrels ou « ménétriers » sont regroupés en une corporation qui comprend toute une hiérarchie de maîtres et d'apprentis mais ces gens du spectacle que sont aussi les jongleurs conteurs et musiciens, sont mal payés et peu reconnus.
Le métier le plus prestigieux et le plus lucratif du Moyen Âge est sans aucun doute celui de l'orfèvre acquis au terme d'un long apprentissage de huit ou dix ans. Les lapidaires, cristalliers ou pierriers taillent les pierres précieuses (rubis émeraude, diamant, cristal de roche..) que les orfèvres montent sur les bijoux et sur la vaisselle d'or et d'argent. A cette activité de joaillerie s'ajoute la création des productions monétaires (atelier de frappe des monnaies royales). Puissants et honorés ils dominent toutes les autres professions artistiques.
Au Moyen Âge les artisans qui œuvrent de leurs mains sont regroupés dans les arts « mécaniques » relégués à un rang inférieur aux arts « libéraux » comme le droit, la médecine ou la théologie car à l'époque, (sauf exceptions) les talents de l'esprit sont seuls reconnus comme dignes et valorisants.
Les peintres, les enlumineurs les sculpteurs les imagiers, les verriers, apprennent leur métier au cours d'un apprentissage mais ceux-ci, malgré leur habileté, sont rarement distingués. Pourtant les « tailleurs d'images »en os, buis ou ivoire jouissent de prestige car ils façonnent pour les rois et les riches des bas-reliefs, des tombes, des gisants des statues de pierre. Les effigies de bois sont laissées aux menuisiers ou aux « huchiers ». Les peintres-imagiers font les peintures murales, les panneaux de bois et les enluminures, ils dessinent également les patrons destinés aux vitraux. Les verriers appliquent ces dessins à la craie détrempée sur de grandes tables de la taille du vitrail prévu, précisent leur croquis à la « sinopia » et disposent dessus les plaques de verre de couleur, avant de les sertir de plomb.
12. Apprentis, valets et compagnonsEntre douze et seize ans les apprentis sont placés par leurs parents chez un maître par lequel ils sont logés, nourris et liés par un contrat devant notaire. Pour ces années de formation qui durent entre deux et douze ans suivant la discipline recherchée, le maître (qui exige parfois un droit d'entrée aux parents pour couvrir ses frais) engage sa conscience professionnelle. Durant ces années il prend valeur de père tandis que le jeune garçon promet de travailler sans rechigner, et de demeurer avec son maître jusqu'à la fin de son contrat, au terme duquel il doit fournir les preuves de sa compétence. Lorsque l'entente est bonne il n'est pas rare de voir un maître léguer ses biens ou ses outils à son apprenti.
Peu de jeunes gens ont ensuite la possibilité de s'installer dans leur propre atelier et continuent de travailler comme salariés par celui qui les a formés: ce sont les valets et les servantes. Les salariés appelés valets compagnons ou garçons peuvent être embauchés à durée variable d'un jour, d'une semaine ou d'un an
Les compagnons se regroupent pour lutter contre les abus des maîtres, ils s'organisent en confréries dont la vocation est l'entraide en cas de maladies ou de décès. Les situations de conflits peuvent amener les valets à faire grève ou boycotter une ville en décidant un départ collectif. Parfois ces revendications entrainent des révoltes (les écarts de richesse entre patrons et salariés ne faisant que croître), mais celles-ci sont réprimés par la force et se terminent dans des bains de sang.
13. Les métiers des femmesMême mariées, les femmes exercèrent de nombreux métiers : en ville elles peuvent travailler dans le commerce, le secteur du textile et de l'alimentation (boulangerie, fabrication de la bière et industrie laitière) ou bien en tant que lingères, bonnetières, couturières, blanchisseuses, servantes. Les salaires féminins sont très inférieurs à celui des hommes. A la campagne, elles participent aux travaux des champs, soins et garde des animaux, tenue de la maison, tissage et filage du lin, cuisson du pain, préparation des repas et entretien du feu. Et bien sur, elles s'occupent des enfants.
Si la paysanne doit savoir tenir sa maison ; la bourgeoise et l'aristocrate doivent apprendre à diriger les domestiques, acquérir des notions de chant et de danse, se bien tenir en société mais aussi coudre, filer, tisser, broder, ainsi que gérer ses domaines surtout en l'absence de l'époux .L'église regarde les femmes instruites d'un mauvais œil, elle insiste surtout sur l'éducation religieuse pour toutes. La jeune fille devenue pubère fait peur : elle est étroitement surveillée par ses parents. La beauté féminine tantôt redoutée tantôt désirée, est un objet de fantasme pour les hommes. Pour les clercs, elle est associée au diable, à la tentation, au péché, mais elle est célébrée par les chantres de l'amour courtois, elle inspire chevaliers et troubadours.
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D/ Autres.
1. La chevalerieA partir de l'an mil, les puissants dans la société sont des guerriers combattant à cheval, les chevaliers. Leurs principales activités sont l'entraînement au métier des armes, la chasse et la guerre.
L'accès à la chevalerie constitue un bon moyen pour connaître une ascension sociale. Cependant, cette promotion n'est pas systématique. Le titre de chevalier pouvait se perdre si le chevalier en question était malade par exemple et que par conséquent, il ne pouvait plus assurer sa fonction militaire. En outre, le chevalier pouvait avoir subi des blessures graves durant une bataille ou un affrontement et ne plus pouvoir combattre par la suite. De fait, il perdait son statut et était petit à petit oublié de la société. Au cours du Moyen Âge, les chevaliers se sont rapprochés et unifiés durant les combats, à la guerre, et ont fini par former un véritable ordre social à part. Pendant les tournois, les chevaliers s'affrontaient pour gagner du prestige et de la renommée et espérer connaître une ascension sociale par un mariage avec la fille d'un seigneur par exemple. Aussi, par ce facteur d'union entre membres de la chevalerie et de la noblesse, un processus de fusion s'est opéré au cours du Moyen Âge entre la chevalerie et la noblesse, si bien qu'il devenait de plus en plus difficile de distinguer les deux ordres, les deux ensembles.
D'un point de vue militaire, la chevalerie va progressivement imposer sa prépondérance sur les champs de bataille. En effet, les chevaliers deviennent les combattants, les guerriers par excellence, l'élite de l'armée, un ordre militaire prestigieux qui bâtit sa renommée sur ses exploits et victoires militaires. Son action se révèle de plus en plus décisive lors des batailles; c'est elle qui décide de la victoire ou de la défaite. Par conséquent, son prestige en est rehaussé.
À ses débuts, la chevalerie n'était nullement valorisée par l'Église. Effectivement, si cette dernière soutenait et défendait entièrement les chevaliers partant en croisade, elle dénonçait ceux qui risquaient leur vie non pas pour Dieu mais pour de l'argent pendant les tournois notamment. À la base, elle voyait les chevaliers comme des hommes obéissant à leur seigneur et usant de la violence pour s'imposer et appliquer leur autorité dans les domaines qu'ils devaient contrôler et surveiller. Il y avait également cette vision du cavalier errant, sans but ni objectif précis, qui pillait et commettait des vols et autres rapts pour subvenir à ses besoins. L'Église a fortement contribué à influencer la chevalerie et à modifier ses valeurs, ses devoirs. Elle a utilisé cet ordre pour en faire des défenseurs de leurs propres causes. Elle a en cela incité les chevaliers du siècle à devenir des Milites Christi, autrement dit des "Chevaliers du Christ" au service de Dieu. Pour ce faire, l'Église a ainsi assuré la rémission des péchés à tous les chevaliers désirant combattre les infidèles en Terre Sainte.
Même si les romans courtois désignent la chevalerie comme un « Ordre » (ordo), la chevalerie est socialement composite. Elle entretient des rapports assez complexes avec la « noblesse » (l'aristocratie). La noblesse au Moyen Âge n'est en effet pas un statut ou un privilège mais une « qualité d'intensité variable ». Nobilis est un adjectif : on peut être plus ou moins noble ; alors que miles est un substantif : on est chevalier ou on ne l'est pas. Et si tous les chevaliers ne sont pas nobles, loin de là, tous les nobles se disent bientôt chevaliers. Se sentant investis de l'idéal chevaleresque, partageant les valeurs de prouesse et de loyauté, l'aristocratie s'est peu à peu identifiée à la chevalerie. Tous les chevaliers n'étaient pas « guerriers à plein temps » il existait des chevaliers-paysans vivant en bande dans de grosses maisons fortes. Le chevalier reste en contrebas, il mange parfois à la table du seigneur, partage sa vie aventureuse avec ses fils, mais il est bien souvent d'origine sociale moindre. La chevalerie a été pour certains hommes du Moyen Âge un ascenseur social, mais nombre de chevaliers sont issus d'anciennes familles nobles : ils en sont les cadets célibataires et sans héritage, voire les bâtards. Quelles que soient les origines du chevalier, la vie chevaleresque a un prix économique de plus en plus important. Au XIIe siècle, l'équipement de base du chevalier (cheval, heaume, haubert, épée) représente le revenu annuel d'une seigneurie moyenne de 150 hectares. Trois siècles plus tard, l'équipement nécessaire engloutit le produit du travail de 500 hectares.
L'adolescent, le bachelier, fils de chevalier, accède lui-même à ce titre et à cet état après un apprentissage et une cérémonie appelée adoubement.
Avant l’adoubement : vers l’âge de sept ans, il est placé chez un seigneur qui sera son parrain. Il y gravit tous les degrés de l'éducation qui vise à en faire un guerrier : galopin (il nettoie l’écurie), page (il s’occupe des chevaux, est au service de la dame du château, suit un entrainement équestre, apprend à chasser) et enfin écuyer, damoiseau (il aide les chevaliers au tournoi et à la guerre, et il a l'immense privilège de lui porter son écu).
Vers 17-21 ans, il passe l’adoubement cérémonie officielle à laquelle de nombreux nobles assistaient et qui consistait à consacrer un homme comme chevalier du roi. L'adoubement était une cérémonie qui marque le passage de l'état d'écuyer à celui de chevalier. Cette cérémonie a lieu en général en septembre ou en octobre.
La nuit précédent son adoubement, le chevalier passe une nuit de prière dans une chapelle en compagnie de son parrain, revêtu d'une tunique blanche, avec une croix rouge, le blanc symbolisant la clarté et le rouge symbolisant le sang que le chevalier est prêt à verser. Puis le seigneur organise une fête dans son château, à laquelle les vassaux du roi sont conviés. Au fond du château, sur une estrade, le chevalier était prêt à se faire adouber chevalier. Agenouillé, le bachelier prête à haute voix le serment des chevaliers, une main sur l'Évangile ; ses armes de chevalier lui sont ensuite remises par son seigneur et parrain, bénites par l'Église qui encadre la cérémonie. Une fois revêtu de son équipement, il s'agenouille à nouveau pour recevoir l'accolade.
Après la cérémonie : on organise des tournois auxquels se joignent les chevaliers adoubés et les vassaux du seigneur et des banquets pour célébrer l'occasion.
La cérémonie de l'adoubement confère à celui qui le reçoit un pouvoir principalement militaire puisqu'il obtient le droit de ban (rassemblement de l'ost, autrement dit de l'armée) pour partir en campagne militaire mais également un caractère plus politique et judiciaire puisqu'il accède à la fonction de gouvernement des hommes soumis à sa juridiction, à son pouvoir.
L'Église a aussi voulu donner une portée idéologique à cette cérémonie sans toutefois y parvenir pleinement. L'adoubement assure l'admission dans la militia, c'est-à-dire la chevalerie. La remise des armes a une importance majeure car elle signifie pour le chevalier certains devoirs et fonctions à respecter. En effet, la remise de l'épée signifie pour le chevalier l'exercice de la force armée, à savoir le maintien de la paix et de l'ordre public mais aussi le soutien et la protection de l'Église et des faibles, la fonction religieuse tenant une place centrale dans l'exercice des fonctions du chevalier. Enfin, être chevalier, c'est aussi défendre le royaume contre les ennemis extérieurs, souvent assimilés aux païens. Ce caractère religieux de l'adoubement est très prononcé. Les chevaliers ainsi que leurs armes sont bénis par les ecclésiastiques. Les rites de l'adoubement tiennent également un caractère religieux, par exemple la veillée de prières qui précède la cérémonie ou encore un bain rituel. En résumé, les chevaliers sont au service de Dieu, de leur seigneur et de leur roi. À cette idéologie morale s'ajoute une tonalité nobiliaire. En effet, en devenant chevalier, on entre dans un ordre plus élevé, proche de l'aristocratie. De fait, le chevalier tend à s'élever dans la société et à se rapprocher de la noblesse et donc à s'éloigner du bas peuple.
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2. L’idéal fémininLa femme idéale du Moyen Âge doit être élancée, avoir la taille mince des cheveux blonds ondulés un teint de lys et de rose, une bouche petite et vermeille, des dents blanches et régulières, de longs yeux noirs, un front haut et dégagé, le nez droit et fin. Pieds et mains sont fins et racés, les hanches étroites, les jambes fines mais galbées, les seins petits, fermes et haut placés, la peau très blanche. Le goût pour un large front s'accentuera à la fin du Moyen Âge, si bien que la femme tirera à l'excès ses cheveux à l'arrière et aura recours à l'épilation. Elle emploiera des artifices pour souscrire à l'idéal.
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3. Les distractionsTrès accaparées par leur travail, les femmes de la campagne trouvent néanmoins des occasions de converser à la fontaine ou au moulin. Aux veillées elles se retrouvent dans les ''écraignes'', petite pièce en arrondi avec leurs quenouilles pour y bavarder ensemble. D'autres veillent en famille au coin du feu.
Les fêtes ont un caractère religieux et profane et sont l'objet de distractions. En mai, les gars du village ont le droit ''d'esmayer'' les jeunes filles. Ils se rassemblent en leur compagnie et, avec leur assentiment, le premier dimanche de mai au lever du jour, déposent des branches d'arbres devant la porte de leur élue. Cette charmante coutume est évoquée dans des documents littéraires et artistiques. Des fêtes familiales réunissent des personnes des deux sexes aristocrates ou paysannes ou les femmes tiennent une place de premier plan.
Au cours des fêtes agraires des reines sont parfois élues. Les danses champêtres appelées caroles réunissent les hommes et les femmes dans des rondes et des cortèges autour des arbres et des fontaines au rythme des chansons d'amour. D'autres danses, telles que la tresque ou farandole, la trippe qui ressemble à une gigue, le vireli ou danse tournante, le coursault sorte de galop, le baler du talon étaient pratiquées. Ces danses suscitaient les foudres des moralistes : les contacts des mains et des pieds et les rapprochements pendant la danse incitaient au péché ! Ces condamnations restèrent heureusement sans effet !
Les seigneurs et souverains organisent des banquets somptueux suivis de danses élaborées très prisées où les dames sont parées de leurs plus beaux atours. Le temps fort du festin médiéval se situe au moment des entremets, lors des divertissements ou chanteurs, jongleurs, conteurs et ménestrels peuvent faire montre de leurs talents. Des jeux de société sont au goût du jour : les échecs, les jonchets (sorte de mikado), les jeux de cartes. Le jeu de paume, ancêtre du tennis restera longtemps très prisé par les seigneurs. Certaines dames s'adonnent à la chasse au faucon ou à l'épervier.
Le voyage a pour but de régler des affaires mais peut être une façon de se distraire. Les joutes et tournois sont une occasion pour les seigneurs de se mesurer et constituent un spectacle pour les gentes dames. Ils sont régis par les règles strictes de la chevalerie et les dames y sont à l’honneur.
Dans les rues les montreurs d'animaux, acrobates, jongleurs, bateleurs musiciens et conteurs attirent les badauds. Les processions, les entrées princières, éblouissent le peuple dans les rues nettoyées pour la circonstance et décorées de fleurs et de draps tendus sur les façades. De petits spectacles appelés histoires ou mystères ont lieu près des églises ou carrefours. Le théâtre constitue un des attraits de la ville, les femmes s'y rendent accompagnées d'une bruyante marmaille. Musique, chants, lecture à haute voix sont appréciés par les nobles, les jeunes filles reçoivent une instruction musicale.
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4. L’hygièneLe Moyen Age a mauvaise réputation du point de vue de l'hygiène. Pourtant, héritier de l'époque romaine, il connaissait également le bain, les latrines (wc) et parfois même le tout-à-l'égout. Se laver, se baigner était une habitude dans les villes du Moyen Age.
Seuls les gens riches pouvaient s'offrir le luxe de prendre un bain chaud car tout coûtait cher : le bois nécessaire à faire chauffer l'eau, la toile avec laquelle on doublait les parois du baquet et les huiles de bains. Le seigneur disposait parfois de toilettes privées, au garde-robe, à côté de sa chambre.
Ainsi, il n'était procédé à la toilette qu'une fois les vêtements mis et on se bornait à nettoyer les parties du corps qui restaient visibles. On prenait des bains dans les mêmes grandes cuves de bois qui servaient à couler la lessive. Plusieurs personnes partageaient la même pièce et il n'y avait aucun moyen de s'isoler pour la toilette.
Les plus pauvres citadins (habitants des villes) se contentaient des bains publics. Les bains étaient ouverts tous les jours sauf les dimanches et jours de fêtes.
Des étuveurs se chargeaient de chauffer l'eau, puis quand elle était prête, des crieurs annonçaient l'ouverture du bain. Il fut d'ailleurs interdit de faire crier avant le lever du soleil, afin d'éviter que les clients, se pressant pour le bain, tombent sur des voleurs.
Il y avait des hôpitaux qui accueillaient les lépreux (personnes qui avaient la lèpre). On soignait la variole ou la rougeole. L'étudiant en Médecine passait cinq à six ans sur les bancs de l'Université. L'église s'occupait également des hôpitaux. Les progrès les plus importants étaient réalisés par les chirurgiens.
L'hôtel-Dieu servait à accueillir les pauvres et les malades pour les aider et les secourir.
La peste était une maladie très contagieuse. Personne n'allait voir les gens qui avaient cette maladie. S'ils touchaient quelqu'un ils l'avaient tout de suite. Les personnes qui avaient la peste dormaient toutes seules. Les autres dormaient à trois ou quatre personnes. La peste noire était une grave maladie. En treize ans, elle a coûté la vie à une personne sur trois en Asie et en Europe. La peste noire a fait disparaître des familles et des villages entiers.
L'arrivée de l'eau courante dans les maisons a, en effet, permis non seulement la mise en œuvre de systèmes d'évacuation des eaux sales, mais aussi l'installation d'équipements et de salles de bains qui ont favorisé l'hygiène quotidienne (de tous les jours).
Le Moyen Age ne néglige pas l'hygiène. On sait que les princes carolingiens changeaient de vêtements et se baignaient tous les samedis. Le bain était un moment de plaisir, souvent accompagné d'une collation.
Préparer un bain prenait beaucoup de temps. Plusieurs personnes prenaient le même bain. Les bains étaient le plus souvent faits pour s'amuser. Ils les prenaient aussi avant les fêtes. Les serviteurs remplissaient la baignoire avec des seaux d'eau chaude. Comme le savon ne sentait pas très bon, ils répandaient des herbes et des fleurs dans l'eau. Le savon était fait de graisse de mouton, il était mou et très visqueux.